
Sarah Campiche MD
@campiche_sarah
Dans ses balbutiements, l’anesthésie générale a été grevée de multiples accidents et de nombreux morts. L’éther peut provoquer, entre autres, des pneumopathies mortelles. Le chloroforme peut entraîner des arythmies cardiaques et est toxique pour le foie. 10/26
On ignorait de plus quasiment toute la physiologie du corps humain, en particulier respiratoire et des risques d’inhalation bronchique (régurgitation du contenu de l’estomac dans les poumons), mais en plus on administrait ces anesthésiants toxiques de manière incontrôlée. 11/26
Dans la première partie du XXe siècle, on a commencé à administrer de l’oxygène aux patients anesthésiés, diminuant le risque d’accidents par hypoxie. On a aussi commencé à développer des machines pour administrer plus précisément les gaz anesthésiants. 12/26
L’intubation, bien qu’inventée depuis plusieurs siècles, n’a commencé à se démocratiser pour l’anesthésie générale qu’avec la première guerre mondiale. L’invention plus ancienne du ballonnet au bout du tube (Dr Trendelenburg 1869) a permis de sécuriser de routine 13/26
les voies aériennes des patients (protections de l’inhalation bronchique) mais aussi de développer la chirurgie cardiaque et thoracique ouverte grâce à la possibilité de ventilation qu’elle permet en toute sécurité (pression positive et PEEP). (Voir mon thread intubation) 14/26
On aussi appris à contrôler les signes vitaux des patients dont la fréquence cardiaque, la pression artérielle et l’état des pupilles et donc la profondeur de l’anesthésie et les premiers signes de surdosage des anesthésiants. 15/26
Mais c’est après la 2ème guerre mondiale que la pharmacologie anesthésique s’est révolutionnée. L’avènement du thiopenthal intraveineux et des gaz anesthésiants halogénés (halothane) avec beaucoup moins de toxicité et d’effets secondaires, ont ouvert la voie. 16/26
Le monitorage des patients s’est aussi développé avec l’arrivée du contrôle de la saturation en oxygène ainsi que les surveillance invasives de la tensions artérielle, et n’oublions pas le développement de respirateurs avec contrôles très fins de la ventilation. 17/26
En parallèle nous avons fait des bonds de géants dans la compréhension de la physiologie du corps humain et de son métabolisme, des médicaments de soutien cardiovasculaire, rendant petit-à-petit l’anesthésie très sûre et bien tolérée. 18/26
Les curares (poison amazonien 😉) de synthèse et de courte durée d’action, tout comme leurs antidotes, ont également contribué à améliorer la prise en charge des patients et leur conditionnement pour la chirurgie. 19/26
Depuis les années 2000, l’évolution et la démocratisation des médicaments anesthésiants sûr et très bien tolérés (propofol, sévoflurane, rocuronium, sugammadex, etc) mais aussi du contrôle de leur administration (pousses-seringues « intelligents, analyseurs de gaz)… 20/26
… ont donc permis non seulement de développer une culture de la sécurité (que l’on inspire de l’aviation civile), mais aussi de permettre l’évolution de la chirurgie par laparo-, thoraco-, coelioscopie et l’apparition des robots chirurgicaux et bien d’autres techniques. 21/26
Sur le plan locorégional, l’invention, le développement de l’anesthésie spinale (ou rachidienne) et de la péridurale ont aussi révolutionné la prise en charge des patients. En particulier ils ont imposé un nouveau paradigme en obstétrique, autant 22/26
dans le traitement de la douleur lors de l’accouchement de routine, que dans la prise en charge dans l’urgence et les pathologies maternelles comme l’éclampsie. Ce aussi bien pour la sécurité de la mère que de l’enfant. 23/26
Le développement des blocs nerveux périphériques depuis les années 50-60, la démocratisation de l’utilisation de l’ultrason pour leur réalisation depuis une vingtaine d’années a également été une révolution dans la prise en charge de la douleur per- et post-opératoire. 24/26
Notre rôle est la prise en charge personnalisée du patient afin d’assurer confort et sécurité pendant et après la chirurgie programmée, et son conditionnement afin de faciliter le travail du chirurgien. Travail d’équipe dont la préoccupation principale est le patient. 25/26
En ce qui me concerne, je crois bien qu’au début c’est moi qui ai choisi ce métier, mais avec les années, finalement c’est ce métier qui m’a choisi ! Prochain thread sur l’anesthésie bientôt, avec des sujets plus spécifiques et concrets. Bisous à vous! Soyez heureux! 😘